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Milicienne Küssinette

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Küssinette sortit de l'atelier ravagé en riant à gorge déployée, les mèches roussies et les vêtements couverts de suie. Alerté par le vacarme, Loldaron, cent vingt-cinq ans, professeur à l'Université d'Arcanes de Hurlevent, accourut , suivi des élèves hilares qui n'avaient jamais vu le vieillard courir depuis qu'ils sont arrivés dans le vénérable établissement. La jeune gnome se tourna vers lui avec un sourire radieux quand il apparut au coin du couloir. Le vieux Loldaron fut soulagé de voir qu'il n'était rien arrivé à Küssinette, mais poussa un cri d'horreur quand il vit que la pièce était détruite au dela de ce qu'auraient pu provoquer une horde d'orcs berserkers. Il laissa alors exploser sa colère, et lui ordonna de lui dire ce qu'elle avait fait. Küssinette lui expliqua alors son entreprise d'un air enjoué, malgré le fait qu'elle fut tellement risquée qu'aucun autre résident de l'Université ne s'y serait essayé. Loldaron laissa échapper un soupir de désespoir. Seuls les gnomes pouvaient afficher un tel mépris du danger, et rien de ce qu'il avait tenté pour la raisonner n'avait porté ses fruits, manifestement.

Ainsi passaient les années de Küssinette à l'Université. Elle y était arrivée relativement jeune, à la suite de la mort de son père, qui était un très proche ami de Loldaron. Celui-ci avait alors accueilli la jeune gnome, avec un peu d'appréhension, car elle manifestait déjà la même curiosité que son père. Mais une promesse était une promesse, et il était néanmoins heureux de pouvoir venir au secours de la famille de son défunt et regretté ami. Elle se montra très disposée à apprendre la magie, trouvant dans cet art un moyen de jouer de tout, et de rire sans arrêt. Loldaron était vigilant sur ce qu'il lui enseignait, mais la soif de découverte de la jeune gnome l'ammenait souvent à découvrir des secrets d'elle-même.

Un chaud jour d'été, alors que Loldaron était tout à sa sieste, Küssinette rassembla quelques ingrédients, et se dirigea vers la tour nord; elle espérait vivement qu'il y fasse plus froid, condition fondamentale pour son expérience. Après tout, c'était la tour NORD!
Hardie, elle escalada les marches avec tout son fourbi sur le dos. Arrivée en haut, elle avait déjà oublié de mesurer les conditions de la pièce, électrisée par l'anticipation de son expérience: créer un feu d'artifice en forme de monstre pour terroriser ses contemporains. Elle rassembla, mélangea, cuisit pendant deux bonnes heures, jusqu'à ce que tout soit fin prêt. Hélas, quand elle alluma la mèche, le mélange devint instable. Mais il était trop tard, et la flamme atteint la préparation.

Au lieu de survoler l'université, le monstre fit voler en éclats le haut de la tour nord. Tombant de son lit, Loldaron réajusta ses lunettes et vit les flammes s'échapper de l'édifice. Il s'élança, à nouveau suivi d'une cohorte d'élèves intrigués, et gravit les étages de la tour nord. Il découvrit Küssinette inconsciente, mais indemne. Il la ramena, inquiet, à sa chambre, et veilla sur elles plusieurs heures. Quand elle se réveilla, elle s'étira comme si elle avait fait la grasse matinée; ce qui ne manqua pas d'impressionner Loldaron quant à la robustesse des gnomes. Küssinette tourna la tête vers le vieux magicien, et fit un chantant:


« Bonjour! Je m'appelle Küssinette. Et vous? »

La jeune gnome était devenue partiellement amnésique. Après son accident, elle était devenue plus prudente, du moins en apparence. Après réflexion, Loldaron conclut qu'elle faisait plutôt en sorte de ménager l'inquiétude des gens qu'elle aimait. Elle et lui ont reconstruit leur relation, jusqu'à ce qu'elle fut aussi proche qu'avant. Elle passa encore quelques années à l'Université, avant de ressentir le besoin de parcourir le monde. Après tout, Hurlevent n'était pas son pays, même si elle y avait vécu la moitié de sa vie. Saluant le vieillard ému, elle empoigna son balluchon, et quitta la séculaire Université d'un pas franc et gai.